L’île dont vous êtes originaire et que vous représentez abrite un écosystème d’une richesse et d’une variété exceptionnelle. Ce trésor est aujourd’hui menacé par les exploitants de bois de rose et de bois. Les protecteurs de cet environnement sont tous les jours exposés à des menaces de mort.(…)
Ne trouvant pas le lien adéquat, je transmets ici pour mes amis des arbres, de l’Île et de la Planète qui nous porte, ce courrier à signer, copier et mailer à l’ambassadeur de Madagascar. Merci aux signataires !
Pour plus d’infos sur ce pillage à grande échelle, cet article de Courrier International daté de novembre 2009 :
LES AUTORITES COMPLICES DE LA DEFORESTATION
…A vos plumes :
Pétition internationale pour sauver la forêt tropicale de Madagascar
du pillage a grande échelle organisé par des compagnies étrangères.
Nous comptons sur votre mobilisation pour arrêter ce scandale.
Merci a tous de votre participation
International Petition to save the rainforest of Madagascar
from looting organized by international companies .
We rely on your mobilization to stop this scandal.
Thank you all for your participation
Petizione internazionale per salvare la foresta tropicale del Madagascar
del saccheggio ha grande scala organizzato di società straniere.
Intendiamo sulla vostra mobilizzazione stabilire questo scandalo.
Grazie ha tutti della vostra partecipazione
Petición internacional para salvar la selva de Madagascar
del saqueo organizado por empresas extranjeras.
Nosotros dependen de su movilización para poner fin a este escándalo.
Gracias a todos por su participación
Nom:
Prénom:
Monsieur l’Ambassadeur de Madagascar,
L’île dont vous êtes originaire et que vous représentez abrite un écosystème d’une richesse et d’une variété exceptionnelle. Ce trésor est aujourd’hui menacé par les exploitants de bois de rose et de bois. Les protecteurs de cet environnement sont tous les jours exposés à des menaces de mort. Rappelons qu’il faut 400 ans à un pied de bois de rose pour grandir et qu’une forêt détruite a besoin d’au moins un siècle pour retrouver un semblant d’équilibre et avoir une chance de retrouver son aspect d’origine. Une restauration totale est impossible. La déforestation est une des causes majeures du Réchauffement Climatique global ! La pauvreté est généralisée et empire chaque jour qui passe à Madagascar! On oublie l’environnement ! Mais il vous appartient comme à nous tous de ne passe voiler la face quand aux conséquences dramatiques et irréparables qu’entraînerait un abandon de ces questions ! Vous devez contribuer à sauvez les forêts tropicales à Madagascar.
L’exploitation illicite et à outrance du bois de rose détruit l’environnement dans les parcs nationaux pourtant déclarés réserve de biosphère par l’UNESCO en 2003. De plus elle ne profite qu’à une minorité. Il est maintenant l’heure de mettre fin au pillage. Ce sont de gros bonnets et des trafiquants armés qui tirent illégalement d’énormes profits de la filière du bois de rose. Certaines autorités locales persistent à dire qu’il faut carrément arrêter le commerce de ce bois. Un commerce qui détruit l’environnement. Les rangers non armés des parcs nationaux de Makila et de Masoala sont régulièrement menacés, intimidés et attaqués, ils sont consternés d’assister au pillage des zones protégées au vu et au su de tout le monde.
L’essence la plus recherchée est le Palissandre ou Bois de Rose (Dalbergia greveana) dont l’interdiction à l’exportation a été prononcée en janvier dernier.
Avec ses 60 050 hectares, le parc national de Marojejy abrite des forêts de basse altitude et de montagne. Ses reliefs escarpés offrent un grand intérêt sur le plan biologique et écologique. Ces différentes formations végétales qui couvrent le parc de Masoala constituent un abri parfait pour les nombreuses espèces animales présentes dans cette presqu’île. Ce parc héberge entre autres une espèce unique de lémuriens qui n’existe nulle part ailleurs, à savoir le Vari roux reconnaissable par son pelage étincelant. Cette espèce tout comme l’aye-aye et deux autres espèces sont classées comme hautement menacées de disparition par l’UICN pour la conservation internationale parmi de nombreuses autres espèces d’animaux en voie d’extinction. Ce parc est aussi un immense réservoir génétique pour certaines espèces végétales rares, précieuse et endémiques. C’est donc une catastrophe écologique sans précédent qui s’amorce à Madagascar, dont les effets seraient dramatiques et irréparables si ce processus n’était pas interrompu rapidement.
Le recul de la biodiversité est un désormais enjeu mondial qui de plus est à l’honneur cette année avec une grande visibilité médiatique. Nous comptons sur vos compétences pour intervenir afin d’arrêter ces pillages de richesses naturelles qui constituent le patrimoine national de Madagascar, et qui sont également classées au patrimoine mondial.
Nous vous prions de croire, Monsieur l’Ambassadeur, à l’expression de notre haute considération.
Signature:
Ville:
Ambassade de Madagascar en France
4 avenue Raphaël
75016 Paris
Tel : 01 45 04 62 11
Fax : 01 45 03 58 70
Email : accueil@ambassade-madagascar.fr
voici les coordonnées de L’Ambassadeur de Madagascar auprès de l’Union Européenne
E-mail: info@madagascar-embassy.eu
Avenue de Tervuren 276 • Belgique – 1150 Bruxelles
Contact details:
Tél: 0032 (0) 2 770 17 26
Fax: 0032 (0) 2 772 37 31
Hey :)
L’exportation de bois de rose n’est interdite que depuis 2010 ? O_o Wow, je croyais le truc illégal depuis des années déjà, 2005 si ma mémoire ne me trompe pas (bon, je cuisine google en même temps, et j’ai plus ou moins ma réponse, un sale marasme de flou juridique, d’autorités corrompues et d’entreprises crapuleuses, berk – d’où l’intérêt +++ de faire entendre ses espoirs que cela cesse pour de bon, cette fois ! ^^)
Le temps de remanier la lettre à ma sauce, et je la maile ! Sachant aussi qu’il y a d’autres actions éventuellement possibles, en se rapprochant notamment des assocs sur le terrain qui oeuvrent à la protection de la biodiversité / au reboisement / à la prise de conscience locale et à la prise en main de la gestion forestière par les populations concernées pour de vrai :-)
– ou en ‘votant’ avec son porte-monnaie, pas seulement au niveau du bois même mais aussi de l’huile essentielle (très honnêtement, j’ignore s’il existe des provenances légales, peut-être des cultures contrôlées du côté de l’Amazonie, mais pour info : il faut 100 kilos de bois de rose pour 1 litre d’huile essentielle, ça fait réfléchir… :S)
Bref ! Thanx pour l’info, et la préférence toujours affirmée pour les trésors naturels, contre l’or jaune, rouge ou noir :-)
Hey hey
Ouaip, vive les trésors naturels, ô combien plus ‘précieux’ debout et vivants dans de belles forêts autonomes plutôt qu’exportés, usinés et travaillés au corps pour finir en meubles de luxe pour des riches qui s’en foutent.
(Ce n’est pas que je n’apprécie pas hautement le travail artisanal du bois et de la marqueterie ^^, c’est qu’on peut tout à fait faire de très beaux meubles avec des essences locales correctement gérées, et pas en massacrant l’écosystème du Sud pauvre, dépouillé et colonisé, quoi).
Oui j’ai pensé à l’huile essentielle, dans les produits susceptibles-de. Pas évident de toujours savoir l’origine de celles-ci – je filtre un peu avec des marques labellisées bio, mais bon. On est juste cernés… Sauf que, oui effectivement, aucune pulsion vitale ne nous oblige à acheter cette huile essentielle-là. :)
Thx de ton implication, toujours ;)
{Plein de} Nouvelles du bois de rose avec cette enquête sur Global Voices :
http://fr.globalvoicesonline.org/2010/08/22/42340/
hello hello,
Vais signer, et envoyer
Sinon pour l’huile essentielle de bois de rose, j’en ai. Je ne savais pas que le commerce en était interdit. Celle d’aroma-zone provient de bois du brésil ou de chine. Je suppose que ce sont des cultures faites pour l’exploitation et pas de la déforestation sauvage.
The voice of the devil: pas besoin d’être pauvre pour vendre son patrimoine écologique au plus offrant cf.:la destruction d’un forêt (dont je ne me souviens plus le nom) en Russie; plantation d’OGM en région toulousaine… Faut juste aimer l’argent assez pour y sacrifier toute forme de morale.
Et puis je trouve que le concept de colonisation – comme celui de capitalisme et de communisme – est dépassé. Ils font de l’argent partout où ils peuvent, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. L’argent ne connaît pas la discrimination: il se donne au plus offrant. L’argent est un gigolo impudent.
Bon, pour le mail, c’est râpé… Le copie/coller est illisible tant sur la boîte mail que sur word, et impossible de faire des modifs!!! N’aurais-tu pas un truc plus simple?
Et bien non… Peut-être que l’action n’est plus en place.
Cela dit, pour l’huile essentielle, je ne vois pas bien comment on peut vérifier depuis ici qu’elle n’est pas issue de la déforestation sauvage… J’écoutais ce matin même un podcast de Terre à terre sur le sujet de la certification bois (FSC, PEFC etc), c’était proprement glaçant.
Quant à la colonisation, comme j’aimerais qu’elle soit aussi dépassée en pratique que semble l’être son concept : cela signifierait qu’on foute la paix aux Tibétains, aux Palestiniens, aux Amérindiens du Nord et du Sud, à la moitié de l’humanité je pense, aux millions d’hectares de forêts primaires et aux incalculables océans, et enfin à notre temps de cerveau disponible…
Bref, je crois que je saisis ce que tu veux dire, mais si c’est ce que je pense je le tournerais différemment : ce n’est pas tant que la colonisation n’est plus là, c’est qu’elle n’est plus localisée, elle est partout, disséminée, invasion totale, « au plus offrant » oui. ça n’empêche pas que c’est une saleté !
Pour moi la colonisation renvoie à : arriver sur un territoire étranger, imposer par la force sa « culture » et s’accaparer les richesses disponibles. Aujourd’hui, la notion même d’étranger, et son corollaire la différence, a disparu – et on voit avec quelle force elle revient – ainsi que peut-être,la notion de culture (je regrette de ne pas être chez moi pour en consulter l’étymologie), pour un principe unique qui est le Pognon et le Pillage. Il n’y a même plus l’idée d’un échange, aussi dissymétrique qu’il fût.
Je trouve les discours anti-colonialistes un tant soit peu mélancoliques et – je le dis mais je sais que tes cheveux vont se hérisser!!! – discriminants, dans le sens où ils viennent voiler un danger beaucoup plus grand en mettant l’Homme Blanc comme responsable de toute cette merde: cette propagation nous dépasse tous, nous concerne tous, et sa non-différenciation qui fait sa force est aussi une faiblesse qui peut justement nous rassembler.
Je trouve les exemples que tu cites très justes, mais ils relèvent d’époques qui me semblent différentes: les Amérindiens c’est justement le début des grandes colonisations par l’Homme blanc, la Palestine depuis la guerre et depuis toujours, quant au Tibet je ne sais pas. Ce qui est sûr c’est qu’on ira toujours chercher chez son voisin ce qu’on n’a pas chez nous, et en plus si on peut l’avoir gratos!
Arf, il me faudrait bien du temps pour répondre à tout ça, tu t’en doutes.
OK sur la non-différentiation qui peut tourner à l’avantage de ceux qui n’en ont pas beaucoup, d’avantages, pas du tout OK sur le reste, effectivement.
Enfin bon, pour ce sujet précis du bois de rose, il ne s’agit pas de mélancolie mais d’éviter des choses évitables, comme financer la destruction de ces arbres par nos achats.
Je ne suis pas sûre que ce soit ma position à moi qui soit mélancolique, ce ‘toujours’ dans ta dernière phrase, je le ressens assez fataliste – et j’essaie à toute force, pas uniquement par cette Clef, de ne pas (re)tomber dans une position fataliste. Même si j’ai des passages mélancoliques, et l’état de la planète peut susciter ça, je t’assure que des alertes de ce type n’en font pas partie… Et donc justement, quand je dis « évitable » c’est que je pense qu’une bonne partie de ce foutoir destructeur l’est réellement, évitable. Et je ne désespère pas de l’humanité, sinon je fermerais cette Clef et j’irais prendre une cuite ! ;)
Moi non plus je ne désespère pas de l’humanité, et le bouddhisme m’a sauvée, parce que oui je pense que toute cette merde est largement évitable, et que l’humain peut dépasser cette position d’avidité malfaisante pour ses congénères et son habitat écologique. Je pense que c’est un combat de tous les jours, voire de tous les instants, comme je l’ai rappelé à mon pharmacien qui me disait que lui aussi y avait cru dans les années 80 – et il a eu du courage d’y croire à cette grande époque du libéralisme triomphant. Ceci dit, Mitterrand était au pouvoir et il a fait sacrément barrage à cette merde. Il est accusé aujourd’hui d’avoir signé des exécutions pendant la guerre d’Algérie, son époque extrême droite. Voilà, on est là dans l’ambivalence fondamentale de l’humain, celle à laquelle on a à faire, le mal en nous contre lequel on doit se battre sans répit.
Hum. Je vais me permettre de rajouter mon grain de sel sur ces sujets bien à vif…
C’est vrai que dans la colonisation made in France républicaine de Jules Ferry, on entend souvent une note culturelle, et parfois une pointe de nostalgie assez gerbante sur les bienfaits ou les belles illusions de la 3ème République. Mais si j’ouvre le TLFI à l’article colonisation, ce que je lis, c’est « occupation, exploitation, mise en tutelle d’un territoire sous-développé et sous-peuplé par les ressortissants d’une métropole ; par ext., occupation et exploitation abusives d’un domaine particulier ». Ce que je retiens : exploitation abusive (toujours largement pratiquée), mise en tutelle (cf les logiques de fonctionnement d’une firme style Monsanto – si c’est pas tenir les populations locales sous tutelle, leur saloperie… –, ou encore la fameuse ‘dette des pays pauvres’ qui les empêche de s’affranchir réellement des grandes puissances financières, aussi pourris à la racine que soient les dits systèmes financiers). Je perçois ce double flux : les richesses naturelles remontant toujours vers les mêmes parties du monde, lesquelles ne renvoient en retour qu’une illusion renforcée de puissance (assimilée quelque part à de la supériorité) et de nouveaux liens de dépendance. (Bon, ça reste un schéma assez grossier, hein, qui ne tient pas compte des subtilités des pays et des résistances organisées ;))
Ok sur le fait que l’argent se fiche de la couleur de la main qu’il engraisse. Mais l’argent va où se trouve l’argent, au lieu d’aller où ce serait justice et/ou nécessité qu’il aille – et comme je ne crois pas du tout que le capitalisme soit une notion dépassée (tout comme Fa’ j’aimerais bien, de fait, ô combien, le voir dépassé, ce système), l’argent va au système capitaliste, voilà tout. Les multinationales, blancs, blacks, asiat’, quelle différence ? Reste que dans plein de pays pauvres, des firmes étrangères sont en train d’acheter des terres en prévision des pénuries que leur propre logique de surexploitation aura provoquées ; reste que dans ces mêmes pays, ou leurs voisins, on oblige les paysans à se plier à des agricultures non-naturelles à leurs terres pour satisfaire les besoins du moment, énormes, de pays plus fortunés, quitte à les priver par-là même de leur autonomie alimentaire. Reste que les Bushmen crèvent de soif sur leur propre territoire faute d’accès autorisé à l’eau, tandis que nos, *nos* sociétés de voyage peuvent installer sans souci leurs piscines sur ces mêmes terres. Reste que l’huile essentielle de bois de rose, m’est avis qu’on s’en procure plus facilement par chez nous que dans un magasin malgache.
Un dernier exemple ? Extrait du bouquin « Bilal, sur la piste des clandestins », par Fabrizio Gatti, le témoignage d’une jeune Sénégalaise :
« (…) maintenant même la pêche marche mal. Vous êtes arrivés, vous les Européens, avec les gros bateaux-lusine.
– Lusine ?
– Oui, des bateaux grands comme des usines. Et avec les filets ils raflent tout ce qu’il y a à pêcher et ils vous l’apportent en Europe. Nos pêcheurs se font du souci, y a plus de poisson. Certains ont pensé que c’était plus avantageux de vendre leur caïque aux Arabes du Maroc.
– Et qu’est-ce qu’ils en font, les Arabes du Maroc ?
– Ils veulent les remplir d’immigrés et les envoyer aux Canaries. (…) mon père a déjà dit que si la pêche continue comme ça, il nous reste plus qu’à vendre aux Marocains ou bien à nous mettre à travailler pour eux. Moi j’ai vingt-quatre ans, quel avenir j’ai à ton avis ? »
…
Le corollaire qui met du coeur au combat, donc, comme on en a déjà souvent parlé sur cette Clef, c’est que du coup on a bien un fight utile à mener sur notre propre terrain. Le sale truc ne se propage pas tout seul à l’autre bout de la planète, il prend sa source logique, et ses moyens économiques dans des coins à portée de frappe. Quelle différence en effet que les pognes qui empochent l’argent sale soient blanches, chinoises, que sais-je : elles ont besoin de la société de consommation dans laquelle nous gravitons bon gré (et le plus souvent) mal gré. A nous de chercher sans relâche l’indépendance de pensée, d’action, d’achat autant que possible, et de refuser de dissocier justice et consommation ; plus on s’affranchit de ces saloperies de multinationales capitalistes, plus on fait pencher la balance vers l’autonomie de chaque peuple…
(Et j’arrête là, j’ai l’impression tout de même de n’avoir fait que rabâcher un truc dont on est toutes bien conscientes, et sur un ton un brin moralisateur pour ne rien arranger ^^’ M’en vais loader quelques songs de Keny Arkana, la miss dit tout ça mieux que moi, et avec une énergie de feu pour porter le message ^_^)
(C’est exactement *ça* que je voulais dire. Thx Hel de l’explication parfaite !)
Donc je plussoie sur tout, c’est pas fait exprès mais ça résonne bien en moi ; et tu relèves une chose à laquelle je n’ai pensé qu’une fois dans mon lit, réfléchissant encore à ce truc de mélancolie : c’est vrai qu’on parle de mélancolie et de nostalgie quand on évoque ces questions (notamment dans une presse que je lis et qu’on ne peut suspecter de discriminatoire, j’ai nommé le Canard), mais pour évoquer « les nostalgiques de la colonisation », c’est-à-dire ceux qui la *regrettent*, pas ceux qui s’y opposent.
Bon, je ne saurais dire mieux que ta conclusion, je n’ai pas de meilleure réponse, un plutôt voie, que celle-ci :
« A nous de chercher sans relâche l’indépendance de pensée, d’action, d’achat autant que possible, et de refuser de dissocier justice et consommation ; plus on s’affranchit de ces saloperies de multinationales capitalistes, plus on fait pencher la balance vers l’autonomie de chaque peuple… »
Après, je me disais aussi, dans la veine des penseurs écolos du « post-capitalisme » croisés chez Coline Serreau, qu’on pourrait parler, pour le souhaiter, pour le faire exister, de « post-colonialisme » plutôt que d’anti-colonialisme, ce ne serait pas moins « anti » et résolument tourné vers un futur moins dégueu ; pour l’heure, on a un travail considérable. Et chacun-e a un pouvoir pour ça, oui et mille fois oui. Et je reviens sur la conclusion sus-copiée, qui me plaît beaucoup :)))
Oui, post-colonialisme me convient mieux. Parce que penser contre quelque chose, c’est le faire exister, et le colonialisme tel qui s’est développé à partir du 16e siècle n’existe plus, tout comme le capitalisme. On est passé à autre chose. Pire, mieux? Là n’est pas la question. Il est très important il me semble, de bien définir ce que nous combattons, de le cerner au plus près de sa vérité, qui restera de toute façons inattrapable par le langage. D’où l’importance de l’acte, de ce lieu (dont le « décor » est très agréable, reposant, peaceful…), de ton végétarisme, de la psychanalyse…
Je te rejoins sur ça (l’importance de l’acte) ! Et ce n’est pas le moindre des efforts, concernant la VG attitioude justement, je me suis aperçue encore hier de la présence « d’animaux cachés » dans des produits que je ne soupçonnais pas : chewing-gums (conservateurs E machin, dont une partie est d’origine animale), wasabi (celui du méchant grand distrib’ contient de l’acide lactique, f*ck !), et même lactose dans le petit bocal de tomates séchées… -là faut qu’on m’explique.
ça c’est un combat quotidien, yes, et cerner ‘au plus près de la vérité’ un truc tout basique tel que ‘ce que je mets dans mon estomac’ et plus généralement dans mon corps, c’est souvent une véritable gageure… Bon, cela étant ça vaut sacrément le coup, et c’est une punaise d’éducation à la vigilance, à la réflexion sur nos conditionnements, etc. :)
Comme ça je vais pouvoir répondre à ta précédente intervention sur la Loi et la Règle.
Sur le fond il est clair qu’on tente toutes de défendre la même chose. Mais en analysante -lacanienne- chevronnée, je suis extrêmement attentive aux discours dans lesquels on traîne, et on a très vite fait, en voulant combattre ce qui nous paraît la branche pourrie de l’édifice, de tomber dans les discours même que l’on combat – le recto et le verso sont la même feuille, et il s’agit il me semble aujourd’hui, de changer de feuille. C’est pour cela que je pense que les concepts de capitalisme, colonialisme, communisme… sont obsolètes parce qu’ils ne reflètent plus la réalité de ce qui se passe. Je ne dis pas que c’est pire ou mieux, je dis que le paradigme est différent: pas les mêmes acteurs, pas les mêmes enjeux, pas les mêmes idéologies… Aujourd’hui tout va très vite et il faut suivre, « marche ou crève ». Et je sais bien à quel point c’est dur et inhumain, et à quel point il faut des structures d’accompagnement pour aider à vivre. L’exemple de la pêche au Sénégal est typique. Certes une dette imaginaire, mais pays indépendant depuis 50 ans. Il y a quelques années, j’avais entendu à la radio une interview d’un Sénégalais qui disait que certes, les conséquences de la pêche industrielle en haute mer était catastrophique, mais qu’il était impossible de rassembler les Sénégalais pour une lutte, et ceci à cause d’un fatalisme destructeur. Si tu dis rien, on te bouffe. Et c’est comme ça partout, il faut gueuler sans cesse pour ne pas se faire avoir (par exemple la téléphonie mobile, les accès Internet, le gaz, l’électricité…).
Et beaucoup de choses que les multinationales imposent aux pays plus pauvres, sont des choses qui ont pollué et ravagé les pays plus riches. Va dire à un Brésilien par exemple, que l’industrialisation de son pays est un grave danger pour l’écologie et il va te répondre qu’il a le droit comme toi d’être plus riche.
Ce que je veux dire c’est qu’aujourd’hui il faut dépasser les notions d’exploitant et d’exploité: c’est tout un système qui fonctionne en autonomie dans lequel nous sommes tous exploités – Monsento par exemple est une entité parfaitement abstraite, qui dépasse son conseil d’administration. Et je pense que ressasser les querelles entre les peuples c’est s’occuper de l’arbre qui cache la forêt (si tant est qu’il y ait encore une forêt, pour rester dans le thème!). Je crois qu’aujourd’hui l’enjeu, c’est que l’humanité change sa manière de s’appréhender et d’appréhender le monde: il nous faudrait une morale « mondiale », basées sur des lois mondiales – de régulation de l’économie par exemple. Sarkozy est président du G20, espérons qu’il soit aussi fort pour faire pondre des lois à ce niveau. Je crois en l’humanité.
Et pour rejoindre ta précédente intervention, il me semble nécessaire d’en passer par la Loi et la Règle, aussi « frustrante », « castratrice » soit-elle pour pouvoir la dépasser et atteindre cet « éveil » où tu « choisis » les règles qui te conviennent, en accord avec ton âme, ton esprit, ton ressenti… Il me semble qu’il est absolument nécessaire d’en passer par un « c’est bien, c’est mal », « c’est légal, c’est illégal », pour atteindre à … j’ai du mal à préciser ma pensée… une éthique, sa propre interprétation de la Loi, à un dépassement de la dualité, à une harmonie universelle (mais le mot d’universel ne me convient pas, il renvoie trop à la Loi bonne pour tous et en toute circonstance).
C’est des luttes particulières, singulières, pas contre un gros méchant (même s’il y a des gros méchants ignorants), mais avant tout contre soi et l’ambivalence fondamentale de l’humain. Contre une vision du monde centrée sur le pouvoir, la force, la possession – et sans vouloir faire ma misandre de base, ce sont là des vertus (dont l’étymologie est identique à celle de viril…) viriles justement. Donc dépassons cela! Et il y a du travail!
Et je m’arrête là aussi, toute moralisante et donc has been que je suis. Mais pour dépasser la morale, il faut l’avoir reconnue. Et l’humanité en est peut-être à cette charnière, soyons optimistes, et méditons.