Amis,

le vent souffle en ce moment, et pas seulement celui de La Horde du Contreventje vais avoir bien du mal à ne pas évoquer ce grand livre tout juste refermé dans mes mains, mais béant dans ma tête – et les étoiles spiralent à qui mieux mieux. Clef aléatoire depuis quelques semaines, comme vous l’avez vu, et beaucoup trop de choses tombent en pluie indistincte sur la flaque de mon écran. Certaines de ces gouttes parlantes, d’ailleurs, venant de certaines d’entre vous. Il va y avoir de l’écho :)

Je vous livre donc tout ce que j’ai reçu, je passe le témoin tout à trac et j’espère qu’il se transmettra, se démultipliera, et que mes ricochets, mes liens, mes cris, ne resteront pas sur la grève. Que vous ferez tourner, quoi, ce qui vous plaît, ce qui vous parle, et ce que vous ne pouvez passer sous silence.
Je compte un peu – beaucoup – sur vous, car je suis sur des sentes parallèles, et je ne peux pas trop, en ce moment, tenir le même rythme sur ma Clef-nuage. (Mais tout est mutation, n’est-ce pas :) )

Pour tous les goûts, toutes les formes de vie. Voici à la volée :

* * TAURUS * *

Corrida, Patrimoine, Aberration. Avant toute chose, visiter absolument le billet complet, et parfait, d’Hell-Girl depuis le phare ami PsychoPompe : Destructeurs, guerriers, guérisseurs. Tout y est. Y compris le militantisme à plumes pour les bêtes à poils. (Et à poil, oui, nue, exsangue et droguée, devant les habits rutilants, féminins, meurtriers, devant le tissu de civilisation qui habille la viande fraîche, corticale, qui décore la boucherie pure et simple, la soif de sang et de souffrance, qui) – bref. Allez-y.

Taurus qui a plus bougé les foules populacières que les partis bien en place, si j’en crois d’ailleurs les Puces de la semaine, rubrique animalière historique de Charlie Hebdo, ici :
Presse : message d’une journaliste à « sa gauche » – La corrida au patrimoine immatériel de la France : silence des politiques, récupération du FN…
(Attention, l’argument tape et il tape dur, là où ça pique, en plein dans le vrai. Et comme d’habitude, pour chaque combat d’avant-garde ou d’avant-poste, ce positionnement-là est révélateur et prédictif des suivants, pour d’autres causes, d’autres luttes tout aussi âpres. Où ladite gauche va se coucher, la droite raccourcir encore sa jupe, et les fachos ramasser la mise. Révélateur et prédictif. Scindant, aussi, bien clivant. Comme ce paysage politique et cette poisse collante qui ne donnent même plus envie d’écouter la moindre info – c’est dire.)

… Et si c’était un référendum ? Un petit vote en un clic, OK c’est pour RMC info, mais bon, un clic, quoi. Le sondage est proposé en haut de la colonne de gauche :
Votre avis sur la tauromachie au patrimoine culturel ? Pour / Contre
Ai reçu ce lien quand les Pour étaient en majorité (étrange d’ailleurs, cela ne reflète pas du tout tous les autres sondages sur l’avis de la population, plutôt à deux bons tiers contre la corrida), mais là, ce soir je vois que le vent à tourné. A poursuivre donc.
Merci les cliqueurs ;)

Je rappelle aux toulousaings et toulousaines qu’il y a donc une manif le 28 mai à 14h, ainsi qu’à Paris et ailleurs !

* * CORNUS ANIMALUS * *

On allège un peu le gabarit, mais on conserve les cornes bien vissées et on se prend un grand frisson vertical avec ces bêtes-là, bouquetins, isards et chamois, incroyables équilibristes et véritables incarnations de la Montagne, de sa dimension verticale, vertigineuse, vers le pierrier pur. On avait déjà pu se dévisser la nuque en essayant de comprendre comment ils pouvaient tenir sur un barrage comme ça, le souffle coupé par l’image comme rarement, voici le site d’un passionné, très fourni en photographies de bouquetins et de leurs cousins : Ibex – photo nature. C’est… superbe. Et c’est un poison supplémentaire pour quiconque commence à trouver les murs de son bureau un peu rapprochés !
Il y a là-dedans une photo en particulier qui me troue la cage thoracique, étant protégée je ne peux vous la montrer ici, j’aurais bien aimé ne serait-ce que pour faire de la pub, mais c’est ainsi, il faudra grimper jusqu’au rocher où se tient l’animal funambule. :)

Et je pars un instant en forêt, à l’étage cervidé, pour cette Pétition contre l’abattage des cerfs à Nivelles. L’histoire est à pleurer de bêtise, il n’y a que trois mille et quelques signataires, merci de signer et de partager…

… Et si c’était un témoignage ? Allez, si la vision bucolique d’un cerf sous les futaies vous fait irrémédiablement penser, en moins bucolique, à la vision qui s’ensuit, celle d’un truc à deux pattes, un treillis, trois fusils et cinq radios qui cherche à l’exploser, j’en profite alors pour intercaler cette Confession d’un ancien chasseur de Slovénie, qui secoue la couenne. Un peu comme le témoignage lu sur les Cahiers, qui m’a fortement impressionnée, et où l’on retrouve, devinez, le regard de la vache, celui qui m’a transpercée (voir les dizaines de billets antérieurs pour ça) : Dans le crâne d’un tueur. ça c’est fait, et je ne perdrai plus ces amarres-là.
(Les métaphores se chevauchent dans un grand méli mélo, il y a des vifs qui s’amusent sous le clavier)

* * LEC-TORUS * *

(Que de caralembours. Des fragments de vifs caracoliens se sont insinués en moi, mais c’est terrible, je suis aussi contaminée langagièrement qu’une tête herbue après un passage de chrone germinatif !)

Cent livres à lire, deux cent à trouver et mille à défendre. Les tentations sans fin reviennent comme des marées, en ce moment avec un onglet insistant, ongulé broutant la surface vitrée, je l’ai déjà donnée mais je redonne la boutique en ligne de l’association L214, histoire de mettre un tout petit peu à distance les velléités de commande qui m’assaillent. Surtout pour les cahiers antispécistes, pas vraiment la lecture la plus folichonne, mais une des plus passionnantes, pleines de rigueur nutritive, ou l’inverse, ça oui.
Et en version légère mais remplissant son office, un petit numéro de VegMag sur la cuisine japonaise, voilà qui serait alléchant. ^_^

… Et si c’était une ou deux revues ? Passage copinage, le mot est faible pour cette grande admiration que j’ai pour eux, avec un mot pour Onirismes #1 qui est sorti ! Bon vent, et une bouffée d’Eole dans les voiles à rêves, sur la dreaming pool puisque la chose est bilingue :)
…Et en parlant d’Eole, un petit mot aussi pour Fées Divers, dont le dernier et ultime numéro papier est commandable en ligne, et dont je conseille encore et toujours les critiques (celle du Kalevala m’a fait comme une grande bouffée d’air frais ^_^)
Avec mes excuses, damoiselles à la barre des deux navires ainsi pointés à la longue-vue, pour ne pas préciser davantage, je laisse découvrir celles et ceux qui ne connaissent pas encore, desfois que. :)

* * HOMO HERBORISTUS * *

De montagne encore – de montagne toujours – il est question, et de voyage plus ou moins accessible, plus ou moins réaliste, dans les petites collines d’à côté ou dans les vastes plateaux du bout du monde (la tentation n’est pas une pique mais une… montagne à elle seule), avec l’Association Plantes et Nomades, une belle découverte à bien des titres. Au titre de la transmission et de la diffusion du savoir herboriste. Au titre du lien entre les peuples. Au titre de l’ex-cursion hors de nos propres savoirs cloisonnés, normés, rentabilisés, spoliés. Au titre de l’autonomie, de la marche, d’un peu tout en fait. Et puis, quoi, l’Afrique Noire et la Mongolie, des coins qui m’ont tant fait rêver ! Je trouve un trésor comme ça, dans l’idée, dans le principe, dans la structure même de ladite structure, et je reprends du poil de la bête philanthropique, de la bête-monde peut-être. Allez, je n’en dis pas plus, je me cale sur un livre, peut-être un petit stage, nous verrons. Mais ça me plaît, ça me plaît beaucoup.

… Et si c’était un livre ? Ben justement, celui que je souscris, là : Plantes médicinales de Mauritanie, remèdes traditionnels et guérisseurs, du Sahara au fleuve Sénégal. J’avais repéré un similaire sur l’herboristerie chez les berbères, si ça se confirme je vais creuser ma biblio dans le sable, un peu. :)

* * * HOMO EXORBITUS * * *

Parce qu’il n’y a pas que le Basedow qui fait sortir les yeux de la tête. Parce qu’il y aurait des dizaines d’articles de cet acabit à faire passer inlassablement. Et parce que, non, décidément, ça reste bloqué en travers de la glotte :

La tragédie des clandestins entre Libye et Italie – sur Sud-Ouest (ça c’est le plus sombre et le plus pessimiste qu’on puisse trouver, du pur Bilal…, mais je le place ici parce qu’il faut que tout le monde sache, ce que font ces gouvernements, ces polices, ces milices, comment ils laissent les gens mourir, et comment ils jouent l’innocence. Il FAUT que ça s’arrête !!)

Incendies d’immeubles à Paris : feu la justice – sur Basta! (plus que sombre également. Impossible à taire également. L’histoire m’a faite hurler, il y a des années, quand Sarko le pire de tous les flics s’est pointé en bas des logis en feu, à demander leurs papelards à des personnes dont les enfants brûlaient. C’est depuis ce jour exact que je le hais. Je m’en souviens trop bien. Les gens parlent de tout ce qu’il a fait ou dit avant, ensuite, tout le temps, il les enchaîne, c’est une horreur. Moi c’est ce truc-là qui a cloué le personnage sur la cible à fléchettes. Cette histoire. Elle fait encore hurler, et doublement, à la retrouver et à en lire la conclusion lamentable, en 2011, d’abord dans l’article du Canard Enchaîné puis dans celui de Basta. Voilà un écho qui ne doit pas s’arrêter, pas s’éteindre.)

 …Et si c’était un livre ? Bilal sur la route des clandestins, de Fabrizio Gatti. Toujours pas pu le finir, toujours sur le pont de la conscience, celui-là. Et puis les BD de Joe Sacco, les hachures noir & blanc, de Gaza à Lampedusa…

* * * ET FA-MOT OPTIMISCUS * * *

C’est dans les couloirs de vent très bruyants qu’on apprend à entendre les trains d’onde, les sifflements pertinents, les petits bruits qui changent tout, me souffle la Horde, et par-dessus tout qui montrent la Trace. Tout cela reste sybillin pour qui n’a pas encore été intoxiqué-e par ce sacré livre (décidément il me tient au corps), mais bref, voilà des éclats joyeux ou remotivants, des bribes attrapées au vol, des nuages qui disent que, non c’est pas foutu, oui ça bouge, oui c’est bougeable. Avec des morceaux d’antidotes au préjugés dedans :

Mailing Air France KLM – Ecrire à Air France pour stopper le transport des animaux à torturer (ça c’est à peine croyable, mais ça existe et les actions militantes marchent très fort, foncez !)

Les immigrés rapportent plus qu’ils ne coûtent – sur Libé (ça c’est pour clouer le bec, ça sert, trop souvent, et il va falloir s’armer, les petits chats, pour les tempêtes qui se préparent)

Gaz de schiste : des Etats-Unis à l’Afrique du Sud, la contestation prend de l’ampleur – sur Basta! (ça c’est pour quand ça sent le gaz, et c’est souvent aussi)

…Et si c’était un film ? Gasland, mais c’est trop facile, vous connaissez tous maintenant. Alors, peut-être, un docu… Oui. Mémoires d’immigrés. Le meilleur et le plus poignant que j’ai vu. Par les temps qui courent et se carapatent, c’est à voir et à revoir !

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Je pose là  mon bivouac. Ce n’est pas faute d’avoir encore beaucoup dans le traîneau, et d’avoir envie de passer beaucoup de temps sur la Clef. Mais tout n’est pas possible tout le temps, alors à bientôt, mes très chèr-e-s, prenez soin de vous. Et ne lâchez pas le rythme des coups de corne et de sabot ;)