Je ne mets pas le nom de l’affreux Guéant à l’affreuse phrase dans le titre, mais c’est bien de cela qu’il s’agit, et surtout de l’analyse très pertinente et de grande qualité, comme toujours, d’Alain Gresh sur son blog Nouvelles d’Orient. D’entrée voici l’article qui déconstruit vite et bien ce concept un peu foutoir, et beaucoup foutage de g., de « civilisation » (entendons par là civilisation occidentale puisque le terme est bien utilisé ainsi comme vous allez le voir) :
« Une mission sacrée de civilisation », par Alain Gresh
– Nouvelles d’Orient
Voilà. C’est bien, hein ? Encore un lieu où sont exprimées des choses de la façon dont je voudrais les dire, avec la clarté qui me manque souvent et la précision qui doit bien me manquer, elle, à peu près toujours, surtout dans les échauffourées les plus passionnées. Mais tout est là et j’adhère complètement.
Un petit extrait :
« (…) En quelques décennies, le monde va profondément changer. Alors qu’au XVIIIe siècle il était encore multipolaire – en 1800, la majorité de la production manufacturière mondiale se faisait en Chine et en Inde –, durant la première moitié du XIXe siècle l’hégémonie du Vieux Continent s’affirme, et ce pour des raisons diverses : avantages tirés de la conquête de l’Amérique ; profits accumulés du commerce triangulaire (Europe-Afrique-Nouveau Monde) dominé par la traite des esclaves ; et, surtout, maîtrise de la technologie et de l’art de la guerre : la multiplication des conflits en Europe donna aux États une capacité à mobiliser leurs ressources pour de longues campagnes militaires, capacité dont ne disposaient pas les immenses empires indien ou chinois, qui déléguaient la défense de leurs lointaines frontières à des potentats locaux ou à des tribus.
Cette capacité militaire et les conquêtes elles-mêmes vont constituer, a posteriori, une preuve de la supériorité non seulement militaire et économique, mais aussi « culturelle » et même « morale » du Vieux Continent, laquelle s’enracinerait dans des conceptions philosophiques que certains font remonter jusqu’à la Grèce antique. On vit ainsi, remarque Jennifer Pitts, apparaître des arguments selon lesquels la nature progressiste de leur civilisation donnait une supériorité morale aux Européens, leur permettant d’agir à leur guise dans les régions « barbares ». La Palestine sera, parmi d’autres, un champ d’application de ces théories. (…) »
J’en profite pour signaler à nouveau la pétition de soutien au député Serge Letchimy, qui a eu le courage de dire la vérité à l’Assemblée (ce qui a eu pour effet hallucinant de faire se lever et quitter la salle les députés UMP, tout vexés et à mon avis pas pour rien), et qui se retrouve, lui, un comble total en un lieu se disant démocratique, mis en demeure de se justifier et de s’excuser et risquant une sanction (!) pour avoir dénoncé clairement le racisme insupportable des propos de Guéant le beurk. Pétition ici :
Pétition – Aucune excuse, aucune sanction,
soutien total à Serge Letchimy
A propos de colonisation… je me souviens vaguement avoir croisé chez mon paternel un ouvrage intitulé « Le livre noir de la colonisation« , mais je ne suis plus sûre du titre, en tout cas je me souviens bien que selon lui c’est une référence. Il faudra que je creuse un peu ça, pour les moments où je supporterai à nouveau les lectures assez glauques – que j’ai tendance à éviter ces temps-ci, mais qui n’en restent pas moins nécessaires.
A propos de Nouvelles d’Orient… C’est vraiment un haut lieu de journalisme et d’analyse, je ne le dis pas souvent mais c’est vraiment une référence pour moi. ça m’a un peu gratté, d’ailleurs, quand j’ai réalisé que je n’y étais pas retournée depuis un moment, je vais réparer ça avec un petit abonnement.
A propos de militer pour la Palestine… Suivant de plus loin, d’ailleurs et désormais, l’actualité palestinienne, je n’ai pas mis à jour mes lectures ni fait grand chose, voire rien du tout, pour poursuivre la voie militante de ce côté-là, qui en a pourtant autant besoin que d’habitude. (Je n’ai même pas encore donné suite à l’amie anglaise qui s’est très gentiment proposé de traduire en anglais mon carnet de voyage, Petits cailloux de Palestine, ce qui est une honte totale à verser sur ma tête !)
Le thème est difficile, peu porteur malgré une opinion publique plutôt favorable au soutien de la situation des Palestiniens, et en général c’est le genre de sujet qui amène peu ou pas de réactions (Hel girl est hors compétition sur cette remarque ;) , ne serait-ce, outre la constance de son amitié, que pour sa participation soutenue et très très appréciée aux commentaires dudit carnet).
Mais je ne veux pas, en disant ceci, pointer ou critiquer qui que ce soit, bien sûr, chacun est libre de réagir ou non, d’être intéressé ou non. C’est juste que je vais rarement voir les stats de fréquentation de mes Petits cailloux, parce que le ratio milliers de visites / moins de 10 commentateurs me rend toujours un peu triste, et assez pessimiste sur la réalité du ‘passage de témoin’ que j’ai cru demander de faire aux lecteurs…
Enfin bref, je voulais surtout dire que d’une manière générale, pas seulement ou pas forcément sur la Clef, parler de la Palestine, j’ai constaté que ça fait souvent plouf, que c’est connoté, et que c’est bien dommage. Que j’ai cessé de faire passer tout ce que je reçois concernant la Palestine – et avec l’association je reçois plusieurs mails par jour depuis des années, pas forcément pratique d’ailleurs -, parce qu’il existe des organes qui font ça bien mieux et bien plus régulièrement que moi, et qui ont un impact, une structure, un porte-voix, une ampleur qui n’existent pas du tout ici. Je vous renvoie pour tout ça à la section « Palestine calls » des liens dans la colonne de droite de la Clef, il y a normalement tout ce qu’il faut pour être informé, et pas trop désinformé…
A y être, pour le coup je fais tout de même passer cette pétition de soutien à Khader Adnan, détenu administratif en grève de la faim depuis le 17 décembre 2011, pour protester contre le caractère arbitraire de sa détention par les forces israéliennes – pas de motif connu, pas de procès, rien, la grande classe, si je comprends bien le sens de la phrase « His detention is continuing without trial or charges« .
==> EDIT : Hélène m’avertit du lien dysfonctionnel, je remets donc ici deux liens vers la même pétition (je précise) mais qui ont deux adresses, ICI et ICI, je ne sais pas pourquoi, en espérant qu’au moins l’un des deux fonctionnera.
Et plus d’infos en français datées du 12 février, avec la source en anglais, là :
Je rajoute dans la foulée à ma wishlist interminable le De quoi la Palestine est-elle le nom, du même Alain Gresh, dont le très réédité « Israël – Palestine, vérités sur un conflit » est une référence célèbre (et très claire). Je sais bien que je ne pourrai pas lire ni même commander tous ces bouquins très vite – air connu – mais ça mérite de le noter dans les priorités.
(Moment de honte bis, je sais aussi que je dois pondre ma petite BiblioBulle sur mes bouquins@Palestine depuis très longtemps et que je ne l’ai toujours pas fait !)
Et j’en profite aussi pour transmettre un lien rare, comme son nom l’indique, de photographies rares de la Nakba en 1948 (comme vous le savez certainement, la Nakba signifie en arabe la catastrophe et désigne les grandes expulsions-déportations de 800 000 Palestiniens au moment de la création de l’Etat d’Israël, Etat se disant démocratique, donc). Les photos sont en noir et blanc et ne sont pas sanglantes ni très nombreuses mais sont porteuses d’une grande force, très impressionnante.
C’est de ces images que provient la photographie d’en-tête, le choix fut un peu ardu mais elle a ma préférence, pour bien des raisons. :)
A propos de colonisation et d’histoire encore… Je viens de voir que le dernier numéro de Manières de Voir, les hors séries du Monde Diplo, est consacré à l’Algérie. Alors il va également me falloir une wishlist pour les revues !
A propos des élections approchantes… Je n’y crois plus trop, j’avoue, à la force du vote et à la réalité de cette démocratie, et je suis plus que sceptique (à force de lire Nicolino, entre autres) sur l’impact et les bonnes intentions du parti dit vert, mais bon, je suis quand même une bonne fille alors j’irai voter et je dois même faire partie de ces fameux 2% d’illuminé-e-s à la bougie (mais j’aime bien ça) qui roulent un peu pour madame Joly. On a regardé l’intégralité de son discours à Roubaix de samedi dernier, et force est de constater que si le talent oratoire n’est pas vraiment son truc, ce n’est pas grave, son propos est très fort et cohérent, le passage sur les copinages sarkodictatoriaux n’est pas le moins percutant, et j’aime bien ses propositions. Et surtout, en définitive, quelqu’un qui n’est pas formaté dans le moule de la comm’ politique, bah ça fait un bol d’air frais ! :)
(Remarque moins positive, ai reçu des messages d’asso pour la protection animale, qui attend confirmation des positions d’Eva Joly sur deux questions sensibles, pour eux et pour moi, la corrida et la chasse à courre. Et là ça craint, elle se serait prononcée contre l’abolition des deux, mmmpf. C’est le seul point qui me fait vraiment tiquer, et en outre je trouve ça très maladroit, électoralement parlant, de se mettre à dos les défenseurs de la cause animale quand on est censé être écologiste ! Qui plus est quand la manif anti-corrida de samedi a rameuté à Paris plus de 5000 personnes de toute l’Europe…)
A propos de tout le reste… il y a des (espèces de) bonnes nouvelles – Monsanto condamné pour intoxication d’un agriculteur en France, une grande première – et des carrément mauvaises – la radioactivité qui remonte d’un bloc à Fukushima probablement suite au réchauffement du réacteur 2, la Grèce en feu dans un tableau dramatique peint en décembre dernier dans la Grèce sous le scalpel, et puis en pleine glaciation, une France trop précaire pour se chauffer correctement, et bien d’autres choses – mais je ne peux pas m’étendre sur tout.
Je peux juste pour finir remercier la mise au point d’Alain Gresh sur ce truc de « civilisation », parce que là, avec tous ces derniers liens, on voit qu’il n’y a vraiment, vraiment pas de quoi se vanter.
Ah ! Puisque j’ai dit il y a quelques semaines que je faisais passer moins de liens, de pétitions et cyberactions par ici, je rappelle que je mets tout ce qui ne finit pas sur la Clef sur Facebook et aussi, maintenant, sur mon compte Twitter, accessible sans inscription et donc sans vendre son âme à l’oiseau bleu (je précise pour que). Compte que vous pouvez voir sur cette même page également, donc n’hésitez pas à cliquer, ce n’est pas pour mes fréquentations (ça va bien, merci ^_^) mais pour continuer à diffuser autant que possible sur la question humaine, animale, végétale, planétaire, sur un peu tout, en fait.
Il y a donc une foultitude de choses dont je ne parle pas directement ici. Voilà voilà :)
J’achève avec, c’est dans le ton, un extrait d’Aimé Césaire dans « Discours sur le colonialisme« , un petit livre indispensable, relevé par le collectif Les Mots Sont Importants, dont je répète l’importance (et de Césaire et du collectif). Il va être difficile de ne pas citer in extenso :
Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.
Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte.
Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.
Le fait est que la civilisation dite « européenne », la civilisation « occidentale », telle que l’ont façonnée deux siècles de régime bourgeois, est incapable de résoudre les problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance : le problème du prolétariat et le problème colonial ; que, déférée à la barre de la « raison » comme à la barre de la « conscience », cette Europe-là est impuissante à se justifier ; et que, de plus en plus, elle se réfugie dans une hypocrisie d’autant plus odieuse qu’elle a de moins en moins chance de tromper.
L’Europe est indéfendable. (…)
Cela revient à dire que l’essentiel est ici de voir clair, de penser clair, entendre dangereusement, de répondre clair à l’innocente question initiale : qu’est-ce qu’en son principe que la colonisation ? De convenir de ce qu’elle n’est point ; ni évangélisation, ni entreprise philanthropique, ni volonté de reculer les frontières de l’ignorance, de la maladie, de la tyrannie, ni élargissement de Dieu, ni extension du Droit ; d’admettre une fois pour toutes, sans volonté de broncher aux conséquences, que le geste décisif est ici de l’aventurier et du pirate, de l’épicier en grand et de l’armateur, du chercheur d’or et du marchand, de l’appétit et de la force, avec, derrière, l’ombre portée, maléfique, d’une forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se constate obligée, de façon interne, d’étendre à l’échelle mondiale la concurrence de ses économies antagonistes.
Poursuivant mon analyse, je trouve que l’hypocrisie est de date récente ; que ni Cortez découvrant Mexico du haut du grand téocalli, ni Pizarre devant Cuzco (encore moins Marco Polo devant Cambaluc, ne protestent d’être les fourriers d’un ordre supérieur ; qu’ils tuent ; qu’ils pillent ; qu’ils ont des casques, des lances, des cupidités ; que les baveurs sont venus plus tards ; que le grand responsable dans ce domaine est le pédantisme chrétien, pour avoir posé les équations malhonnêtes : christianisme = civilisation ; paganisme = sauvagerie, d’où ne pouvaient que s’ensuivre d’abominables conséquences colonialistes et racistes, dont les victimes devaient être les Indiens, les Jaunes, les Nègres.
Cela réglé, j’admets que les civilisations différentes en contact les unes avec les autres est bien ; que marier des mondes différents est excellent ; qu’une civilisation, quel que soit son génie intime , à se replier sur elle-même, s’étiole ; que l’échange est ici l’oxygène, et que la grande chance de l’Europe est d’avoir été un carrefour, et que, d’avoir été le lieu géométrique de toutes les idées, le réceptacle de toutes les philosophies, le lieu d’accueil de tous les sentiments en a fait le meilleur redistributeur d’énergie.
Mais alors je pose la question suivante : la colonisation a-t-elle vraiment mis en contact ? Ou, si l’on préfère, de toutes les manières d’établir contact, était-elle la meilleure ?
Je réponds non.
Et je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie ; que de toutes les expéditions coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées, on ne saurait réussir une seule valeur humaine. (…)
Etc.
…Bon, vraiment, lisez l’extrait originel et encore mieux, lisez le Discours sur le colonialisme sinon je suis partie pour en recopier toutes pages !
(Et si vous n’en avez pas assez, sur l’esclavage et le rapport à la loi, voyez également le Code noir, encore plus bref mais terrifiant, aberrant, et disponible en librairie).
End of tartine, salut de potron-minet :)
Je croyais avoir publié à l ‘instant un nouveau billet un peu fourre-tout.
Il y a de ça, mais je réalise à me relire qu’en fait, pas un instant nous ne sortons du sujet : qu’est-ce que la civilisation.
Même pour la question animale, même pour les façons de passer – ou pas – les messages.
(Et même mon billet précédent sur la violence et le sexisme dans les études de médecine, en fait !)
Il est toujours question de ça, du point de vue, d’où l’on se place, de ce que l’on se sent autorisé à faire ou non, tenu de dénoncer ou non. Etc…
Ouaip, Guéant, assorti de son pote Ferry le soi-disant philosophe à la non moins dégueu sortie sur les « sociétés sans écriture », m’ont collé la nausée du mois, là. A croire qu’ils ont décidé de remplacer tout débat avant les élections par un concours de qui sortira la plus grosse horreur… J’arrive même pas à concevoir qu’on puisse lâcher de tels trucs sans se retrouver contraint à la démission, et couvert de honte. Ca en dit long sur notre so-called « civilisation », là, pour le coup.
Ah, c’est à bouillir, vraiment.
Pensée pour Howard Zinn et son brocardage du « relativisme moral », rappelant que lorsqu’on se place dans une perspective de grandeur d’une civilisation, on en vient à minimiser toutes les horreurs qu’elle a commises, au nom de la marche du progrès et de la défense des valeurs ‘sacrées’.
Pensée pour « l’extinction en masse des espèces » de Broswimmer, qui remet à sa place les civilisations atteintes d’hybris.
Pensée pour tous les peuples autres, racines, premiers – frères. Pensée pour les Kogis, pour leur regard sur le petit frère occidental qui décidément n’en a pas fini d’aligner les conneries. Pensée pour la beauté des traditions orales, pour cette ‘part du nomade’ que serait selon une légende l’art de la parole magnifiée par les découvertes du voyage. Pensée pour les fays, ce peuple « sans écriture » qui sait l’art de la culture vivante. Pensée pour les arbres, pensée pour toutes les espèces qui ont souffert et souffrent de l’oeuvre civilisatrice, et attendent encore que l’on renie assez le bruit pour venir apprendre d’autres voies dans le silence et l’observation.
Pensée pour Césaire, oui – quoique le passage qui me soit venu à l’esprit de base était moins vibrant, et plus brut de forme :
« Un jour, je traverse une rue de Paris, pas loin de la place d’Italie. Un type passe en voiture : « Eh, petit nègre ! » C’était un Français. Alors, je lui dis : « Le petit nègre t’emmerde ! » Le lendemain, je propose à Senghor de rédiger ensemble avec Damas un journal : L’Étudiant noir. Léopold : « Je supprimerais ça, on devrait l’appeler Les Étudiants nègres. Tu as compris ? Ça nous est lancé comme une insulte. Eh bien, je le ramasse, et je fais face. « Voici comment est née la négritude », en réponse à une provocation… »
(et donc, avis aux fachos : quand on veut faire dans la provoc’ crasse, ça vous revient dans la tronche, comme ça. Et c’est la réponse qui restera dans les annales, dans les livres, dans les mémoires, dans les supports de la culture quelle qu’en soit la forme. Aux offensés, le panache ; aux fachos, la honte.)
***
About élections & parti vert : ai vu aussi passer des allusions, de la part d’assoc’, à des consignes de vote (même si le terme me hérisse un peu le poil). Je crains qu’on n’ait toujours pas le candidat idéal, celui qui saurait faire le lien entre tout ce qu’il y a à défendre, de l’humain à l’animal en passant par l’environnement. Pour Joly, ai aussi entendu ces rumeurs sur la corrida / chasse à courre (et les combats de coqs, aussi) – tout ce que j’ai pour l’instant, c’est le tableau dressé par l’Alliance anti-corrida, et disons que pour une nana qui n’a pas ordinairement sa langue dans sa poche, elle n’y va pas franco de port, là, pour le moins :S
==> http://www.allianceanticorrida.fr/politique.html
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Ton lien de pétition pour Khader Adnan mène (en tout cas pour moi) à un message d’erreur, « page not found »…
Et tu sais que j’y repense souvent, à l’histoire par toi contée de cette aïeule devant l’image dévastée de ce qui fut son champ d’oliviers… Je ne sais pourquoi, c’est cette image qui régulièrement revient, toujours aussi brise-coeur – et l’histoire, lue sur wordpress mais que je ne retrouve plus, d’une nana, arabe mais je ne saurais dire si palestinienne ou d’ailleurs, vivant dans un coin de Jérusalem mais je ne sais plus exactement lequel (mémoire de m*****, j’aurais dû bookmarker le truc :S), et qui se pose la question qu’on ne devrait pas avoir à se poser, au moment de songer à quitter ce monde, en rédigeant son testament : quelle cérémonie prévoir, en ne sachant pas même si ses amis arabes de tous pays seraient autorisés à passer les barrages pour faire leurs adieux, et leur travail de deuil… Monde de fous. Monde de murs. :(
Et sur ces mots plombés, je dois filer. Salut de minet en retard !
+1, +1 million pour toutes tes pensées, d’Howard Zinn aux Kogis en passant par Broswimmer (tiens lui aussi j’y repense souvent) !
Le mot d’Aimé Césaire que j’ai souvent en tête, de mon côté, est assez proche et vient peut-être de la même histoire, c’est la fin d’un chapitre tout aussi brillant que les autres – il est fort, faut dire – qui se conclut par « eh bien, le nègre, il t’emmerde ! »
Je ne savais pas pour le journal, c’est intéressant, et, oui, quand ça revient en pleine face des fachos qui ne se sentent plus (et même s’ils se sentaient d’ailleurs), c’est une bonne chose.
*
Viens de lire la très instructive, ooohlàlà, page de résumé par l’Alliance Anticorrida, que tu donnes en lien, sur les avis des candidats à propos de la corrida… Assez affligeant, et concernant Eva Joly, oui, ça correspond à ce que j’ai (vite) lu par ailleurs. Ce truc de considérer cette horreur comme une culture, ça fout tout le monde dedans et j’ai l’impression qu’elle est bien tombée dans le panneau…
Gênée aussi aux entournures par les ‘consignes de vote’, toujours assez rédhibitoires je trouve ! Mais c’est par eux, tu as dû avoir les mêmes sources, que j’ai vu ce truc rapport à la corrida et la chasse à courre.
ça me fait penser à autre chose, au fond du problème de la pérennité de ce truc en fait, en lisant les avis desdits candidats : leur histoire de « respecter la culture locale », bon d’une déjà c’est faux vu que ça n’appartient absolument pas au patrimoine local, fût-il méridional (et même en Espagne ce n’est pas vieux, trois siècles grand max, et au départ ce fut créé pour que les cavaliers s’entraînent à la guerre à cheval, sans buter de précieux chevaux !). Et de deux, et surtout, ce qu’il faut lire en réalité c’est « respecter les réseaux électoraux locaux et les petites mafias politico-notables du coin », pour moi c’est exactement comme pour les chasseurs, mais en plus fort et en pire donc. On ne veut pas s’aliéner des voix alors on ménage la chèvre et le chou, mais surtout le chou, et le loup qui va tout becqueter. Beurk, sales manip dégoûtantes…
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Pour l’image de la petite mamie devant son champ, nous apportant de fraîches limonades et montrant la colline pelée en disant « This is real Israel, look ! », j’y repense très souvent aussi, parmi les souvenirs rémanents de ce voyage incroyable en tous points… Je me souviens que le passage t’a beaucoup marquée, oui. Par contre je n’ai pas souvenance de cette autre histoire, sur la question des modalités d’enterrement et des obstacles supplémentaires causés par la situation d’occupation… bon tu sais, on retrouvera peut-être le fil ici ou là, et – alas – ce ne sont pas les histoires qui manquent, depuis plus de six décennies… Toutes intéressantes, toutes importantes, comme tous les humains…
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Merci pour l’alerte pour le lien mort ! Je corrige ça tout de suite :)
Edit aussi : ça a l’air de fonctionner !
Oui, « eh ben le nègre, il t’emmerde ! », c’est aussi sous cette forme que la quote résonne fort chez moi, mais je n’ai jamais réussi à en trouver la source telle quelle, quoique l’ayant souvent entendu citer (notamment en réponse aux sorties minables de Guerlain) – bon, je pense comme toi qu’il doit y avoir recoupage d’anecdotes…
Pour la corrida, même soupçon que beaucoup ne tiennent tout simplement pas à se mouiller. C’est pathétique (et débectant, yup).
(et faut croire que lé z’écolos puent, comme électeurs, parce qu’à part les verts, pas grand monde décidément ne semble se soucier de leurs attentes, ou d’obtenir leurs votes. C’est dingue, quand même. Quand il faut faire de la surenchère bien crade par rapport au FN, ça se bouscule au portillon, quitte à alimenter quelques scandales – ça évite de débattre des vraies questions, tu me diras –, mais l’environnement, les animaux – humains et de tous bords – ça doit pas faire assez démago, comme sujet… Grmph.)
Pour l’histoire dont je parlais about mourir et se faire enterrer (ou pas) à Jérusalem, possible que ça ne te dise rien, je me rappelle l’avoir repéré à l’époque (quand ?) sur la sélection des blogs ‘freshly pressed’ qui s’affiche en accueil de wp, mais je ne retrouve absolument pas de trace de ce que j’en ai fait… Un fil d’histoire, et de vie, oui, tu as raison.
Bon, vais voir le lien restauré avant la combustion spontanée des quelques neurones qui ont survécu à c’te journée !
Alors je crois bien me souvenir que la fameuse apostrophe est extraite, justement, du Discours sur le colonialisme. Ce qu’il y a c’est que là j’ai (encore plus que d’hab) tous les livres en vrac et que je ne sais pas du tout dans quelle pile/pilier/voûte gothique de l’architecture livresque chercher la chose ! :o)
Donc je penserai à vérifier ça le grand jour du rangement tant attendu ^_^
//About corrida et racolage électoral : oui c’est vrai, en plus cet esprit ‘je vous balance des faits divers et des sujets dits mineurs dans la tronche pour éviter de parler des vrais problèmes’ prend carrément de la place ces temps-ci. Beurkoïde, yep !
J’ai omis le lien pour la manifestation du 11 février contre la corrida, qui a donc rassemblé plus de 5000 personnes, d’enthousiastes précisions ici :
http://www.animauxenperil.be/pages/news/corrida-paris-fevrier-2012.html
Et concernant la référence manquante, je viens de la croiser à nouveau dans une itw sur un bouquin de thèse de socio sur l’assimilation/intégration, il s’agit du « Livre noir du colonialisme », Marc Ferro dir., édité en 2003 et réédité en 2010, Fayard.
L’article ici (costaud et méritant que j’y revienne) :
http://www.contretemps.eu/interventions/%C2%AB-racisme-besoin-dune-b%C3%A9quille-que-lui-fournit-principe-s%C3%A9paration-national%C3%A9tranger-%C2%BB-
Je passe en coup de vent, le temps me manquant cruellement en ce moment (et j’ai toujours mon comment en souffrance dans Livres de Ruiros), merci encore Fa pour tous ces liens – j’ai du lire le billet & les comments en diagonales, n’ai pas pu cliquer sur tous les liens, mais les pétitions sont signées, la news sur Monsanto a été accueillie avec joie – j’espère que ce n’est là que le premier pas vers d’autres actions qui verront la chute du mauvais géant – celle sur Fukushima, par contre, m’a d’autant plus noué l’estomac & le coeur & l’âme que pas plus tard qu’hier, j’ai lu un entrefilet qui indiquait que le gouvernement déclarait prolonger la vie des centrales françaises âgées de 40 ans parce que (soi-disant) c’est plus économique…. Bordel, mais Tchernobyl, Fukushima, ça ne suffit pas ??? Ils parlent de petites économies (le même article indiquant que de toute façon, à long terme, le prix de l’électricité augmentera mais que cette prolongation des centrales vise à simplement repousser cette augmentation à plus tard >_<…. ), ils jouent avec nos vies, avec toutes les vies – humains, animales, florales – qui peuplent le pays et le continent (non, la radioactivité ne sait pas ce qu'est une frontière et ce n'est pas ça qui l'arrête), alors que là-bas, la catastrophe se poursuit…. A ce niveau là, ce n'est plus faire l'autruche. Je ne sais pas ce que c'est, tellement c'est grave et tellement c'est con.
Ton passage sur la Palestine, avec la mention de l'histoire du champ d'oliviers arrachés, m'a rappelé une référence livresque que j'ai ajouté à ma wishlist il y a peu, L'olivier et la Palestine, de Nasser Soumi – je ne sais pas si tu connais ou si tu l'as chez toi?
(désolée de faire encore ma vile tentatrice si jamais tu n'as pas… mais dis toi qu'un beau jour tu recevras chez toi la commission ;))
voilou, sur ce je file,
bises de passage mais bises chaleureuses tout de même
Lulla
Hey Lulla :)
ne t’inquiète pas pour le temps après lequel on court, les marches au bord de la Loire le rattraperont allègrement en points-qualité-vie-inquantifiable ^_^
En vitesse aussi :
pour Monsanto, ai vu tout à l’heure qu’ils font appel. Mais bon s’ils ont déjà été condamnés en première instance, ça augure du bon pour la suite… et surtout ça fait une super jurisprudence très importante ! On manque cruellement, d’ailleurs, de procès collectifs (ou ‘class actions’ dont parle justement Joly dans son discours, vite fait) pour traîner en justice tous ces gros poissons de multinationales pourrites ; en France ça reste encore au stade du procès individuel, à part peut-être pour le sang contaminé, mais ça pourrait changer, et je trouve que ce serait bien !
En tout cas ce n’est pas trop tôt d’avoir une bonne nouvelle de ce côté-là… :)
Et pour Fukushima, ben… ça semble se confirmer que c’est bien la merde, pardon du terme. Le blog de Fukushima sort un nouveau billet aujourd’hui : ils retrouvent du xénon issu de la fission d’uranium, ce qui signifie qu’il y a une nouvelle réaction nucléaire, que la température est effectivement trop haute, que personne ne sait contrôler le truc et que, le pompon, ils craignent une explosion…
pas de mots, même longueur d’ondes que toi, comment peut-on jouer avec les vies, toutes les vies, avec des conséquences si terribles… (et comment les auto-aveuglés franchouillards peuvent ne serait-ce que * oser * faire encore la promo du nucléaire et balancer leurs arguments psuedo-scientifiques et ani-éthiques, ça c’est un mystère !!)
Ouiii je connais ce bouquin, offert gracieusement par Shambalah, il est splendide, et comme il est déjà au Nid, ça va la tentation n’est point trop vile ^_^
Bises en écorce d’olivier :)
Et justement, sur les class actions, voir la différence de traitement dans le dossier de l’amiante, entre la France et l’Italie, où le procès de Turin sur l’entreprise Eternit a fait beaucoup de bruit :
http://www.francetv.fr/info/amiante-ou-en-est-la-justice-francaise_62037.html
(il faudrait que je retrouve le lien vers le reportage sur ce procès de Turin, c’était vraiment édifiant !!)
Et toujours sur le dossier ‘procès Eternit’, le verdict, 16 ans pour le patron, et pas la même ambiance en France :
http://www.bastamag.net/article2136.html
(Je n’arrête pas de m’autocommenter, moi)
Je ne vais pas pouvoir mettre à jour tous les fils repris dans mon billet, mais voilà des infos récentes sur l’état du prisonnier palestinien, Khader Adnan, en grève de la faim depuis 60 jours maintenant, et menotté à son lit d’hôpital (alors que dans l’état de santé où il doit être…). Des manifestations de soutien ont lieu en Palestine, l’article ici sur Al-Oufok :
http://www.aloufok.net/spip.php?article6710
Petite update sur le thème ‘Eva Joly et la question animale’, la dame précise un peu sa position dans cette tribune de Rue89, ici :
http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/02/24/eva-joly-sur-le-halal-remettre-lanimal-au-centre-du-debat-229691
Comme on le constate et comme il est relevé dans certains comm’ FB, pas (encore ?) d’éclaircissement sur la corrida ni la chasse à courre, mais quand même, la mention de l’expérimentation animale et des cirques, pas seulement l’élevage donc.
Je suis consciente que c’est un peu anecdotique, sachant pertinemment que l’évolution de la position des animaux humains sur le traitement des animaux non humains n’est emparée par le politique et le législateur * qu’à la fin *, quand tout le travail associatif et militant est fait. Quand ils s’en emparent, qui plus est, et qu’ils résistent aux énormes lobbies industriels. Mais bon, faut le dire aussi quand ça souffle un chouïa dans le bon sens.
Tout cela résonne bien fort avec ma lecture du moment, le Projet Grands Singes, dont je vous reparle très vite :)
Merci pour le lien ! « anecdotique », oui et non : parce que je suis d’accord avec toi, les changements se font dans les esprits et l’espace public, et le politique suit plus souvent qu’il n’initie. N’empêche que, « remettre l’animal au centre du débat », ben ça fait du bien de lire ça, après ces journées d’instrumentalisation dégoûtante du problème des abattoirs…
About Projet Grands singes : ai vu ton extrait, beau et résonnant !
Même si je suis toujours partagée par une pensée vers les autres espèces (comme je disais une fois sur Psychopompe en parlant de l’article « Extension de la communauté des égaux », lu dans la revue Ravages dans sa thématique « Adieu bel animal » dont tu te souviens sans doute), dont les droits ne me paraissent pas moins dignes d’être défendus, aussi inaliénables et inconditionnels qu’ils sont actuellement, horriblement aliénés, justement. Mais en fait (j’argu et contre-argumente toute seule ^^), un article chopé dans les Cahiers anti-spécistes répond de manière intéressante à ce regret des limites du projet, dans l’optique qu’il s’agit aussi d’établir une première brèche dans la barrière spéciste, en attaquant sur un point très sensible vu la facilité de rapprochement familial ou fraternel / d’identification entre l’homme et le singe ==> http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article237
Tiens, d’ailleurs, ai vu ces jours-ci un autre projet qui fait grand bruit, initié par des chercheurs et biologistes marins, qui attaquent la frontière spéciste en réclamant la reconnaissance de droits pour les mammifères marins, et d’un statut de « personnes non-humaines » eu égard à leur intelligence, leurs qualités sociales, l’existence d’éléments culturels en leurs groupes, …
==> http://www.guardian.co.uk/world/2012/feb/21/whales-dolphins-legal-rights
==> (et un aperçu en français, parce que bon, mes sources sont très anglophones et je sais bien que google trad’ pratique la poésie oulipienne plus que la rigueur de traduction)
http://www.zegreenweb.com/sinformer/bientot-plus-de-dauphins-et-dorques-dans-les-parcs-dattractions-aquatiques,49329
Et un excellent article de l’auteur et biologiste Peter Watts, bon pas le choix, celui-ci est en english et un peu pointu, mais je le trouve vraiment bon dans son attaque des arguments par lesquels les parcs d’attraction (notamment SeaWorld poursuivi par PETA pour esclavagisme) entendent se défendre, expliquant bien combien ces arguments sont pitoyables, et pourquoi l’accusation d’esclavagisme risque pourtant d’être déboutée au tribunal – non en considération de points légaux et/ou moraux, mais parce que les changements ici en jeu sont d’une telle radicalité, que cela fait peur, et qu’on préfère alors ne rien faire. Parce qu’ « on » comprend bien, sans oser le dire, que ce sont les barrières d’espèce qui sont en jeu, et partant les fondements d’une société qui fonctionne en grande partie sur l’exploitation animale.
==> http://www.rifters.com/crawl/?p=2769
(le blog aborde le sujet à partir de la photo de Tilikum)
Bon j’anticipe un peu sur ce que tu prépares autour du Projet Grands Singes, et sans même avoir pris connaissance du book, mais voilà, le rapprochement de ces deux batailles pour la redéfinition du statut et des droits des non-humains résonnait bien dans l’air du matin ;)
Hey :)
Oui, concernant l’accession au statut d’égalité pour les espèces hors grands singes : la question est effectivement soulevée par plusieurs intervenants, et la réponse qu’ils apportent est en gros la tienne : c’est vrai que ce n’est pas idéal, et que repousser une barrière n’est pas l’éradiquer, mais c’est une brèche, une étape, un progrès… Rha je voudrais en parler plus longuement, mais j’ai presque fini le livre (dense) et donc je rebondirai sur ça dès que ^_^
Wow, thx pour tous ces liens !! Ah bah justement, toujours dans le même bouquin (décidément) j’en suis au passage où un gars qui s’occupait d’un delphinarium et qui avait « évadé » deux dauphins était aux prises avec la justice, précisément à cause du statut de bien meuble de l’animal, et à cause du fait que le vol a été considéré par le tribunal comme plus grave que le secours à un animal. Point de vue juridique assez édifiant, mais l’abord sous la question du droit est passionnante, et, yep, comme tu le disais à propos d’Ethique animale (je crois, ou du book sur les droits animaux, nan ? jesépu), ça permet de voir l’animal dans son intérêt propre, et pas juste dans nos intérêts humains directs ou indirects – sont plusieurs à reprendre cette formule de considérer l’animal pour lui-même, d’ailleurs.
Bon allez je résiste à la tentation de poursuivre, mais oui, que tout cela résonne frais et clair dans l’air du matin :)))
Ah, je crois que c’est au bouquin sur les droits de l’animal que tu penses, et ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les auteurs qui l’expriment clairement, la nécessité du droit pour pallier aux défauts de ce qu’ils appellent « une éthique en cercles concentriques, axée sur l’homme » (je recale le lien vers l’intégralité du passage qui le vaut bien, sur le bas du post ==> http://psychopompe.wordpress.com/2011/01/30/bio-food-for-thought/)
Punaise, oui, ton histoire du delphinarium me fait penser à tout ce que l’on pourrait faire, autour de la notion d’assistance ou non-assistance à personne en danger, si justement le statut de personne s’étendait aux non-humains. Tu m’étonnes qu’ils flippent, les exploiteurs en tous genres, vu qu’une telle perspective juridique ferait s’effondrer tout leur argumentaire sur le prétendu terrorisme des activistes des droits de l’animal !
Je guette les rebondissements post-lecture, alors ! :))
Oui c’est bien ça ! (ce qu’il était fort, ton billet, dis donc)
Je rebondis, je rebondis bien vite ^_^
– et vu mon look de petite baleine ce ne sera pas bien difficile de caler mon statut en cétacé mammifère :P
EDIT du 26 février : je viens de voir qu’Eva Joly a répondu à deux commentaires sur l’article de Rue89. Bon, on ne peut pas dire qu’elle se mouille beaucoup, mais enfin c’est une forme de réponse un peu nuancée. Et elle a le mérite de reconnaître que la cause animale, elle n’avait pas du tout percuté avant de croiser les milieux écologistes.
Je replace ce qu’elle dit de sa non-prise de position actuelle sur corrida et chasse à courre (bon, je l’interprète comme ça, subjectivement, je ne trouve pas qu’elle prenne vraiment parti mais plutôt qu’elle laisse des options ouvertes, question du verre moitié vide ou moitié plein, c’est selon comment on voudra voir les choses) :
==> « Eva Joly répond à ATWA
Auteur(e) de l’article Candidate à l’élection (…)
Je vous remercie de ce message.
Je ne pourrais revenir sur ce que j’ai déclaré à Rue89 en juin dernier et notamment sur la corrida ou la chasse à cour en particulier car il fallait rappeler que ce n’était plus l’heure des questions symboliques mais l’ensemble des traitements qui devaient être revus. Mais vous avez raison, la création d’un statut du vivant posera nécessairement ces questions, qui selon moi, devront être tranchés par les populations locales concernées sous forme de référendum.
Il convient évidemment d’établir un système de transparence des abattoirs pour un meilleur respect des normes sanitaires, nous voyons depuis quelques jours trop de chiffres farfelus sortir de nul part. La création et le respect d’un label d’élevage et d’abattage en rapport avec cette question devront aussi être mis sur la table. »
==> « Eva Joly répond à David Chauvet
Auteur(e) de l’article Candidate à l’élection (…)
Cher David,
Longtemps la dimension politique de ces questions ne m’a même pas effleurée. Puis en rentrant en écologie, j’ai compris que le règne sans partage de l’humain au détriment de la nature et des animaux était porteur de destruction.
Le sort des animaux laisse indifférent, dès lors que l’on sort des cercles de militants. Au mieux, ceux qui ont des animaux domestiques s’émeuvent du sort des animaux abandonnés. Mais le sort des animaux d’élevage est un point aveugle de la pensée politique.
Aujourd’hui, mes propositions sont devant vous, si je n’ai pas souhaité revenir sur la corrida ou la chasse à cour en particulier, c’est que je ne veux pas être la candidate des positions symboliques mais bien celle qui relance le débat de l’ensemble des mauvais traitements faits aux animaux. »
…Bon, je ne sais pas si c’est juste une tactique de prudence pure ou si elle attend d’être mieux documentée pour se prononcer – j’avoue que j’ai un regard assez indulgent peut-être, mais le perso me plaît assez, depuis la lecture de sa bio -. Pas vraiment d’accord, pour ma part, sur son utilisation du terme ‘question symbolique’, parce que justement, si c’est symbolique c’est important d’en débattre à mes yeux ; après je crois comprendre ce qu’elle tente de dire, à savoir (peut-être, j’espère que c’est ça) ne pas se limiter à des points précis qui relèvent plus du massacre qualitatif, et peu prenant dans la vie quotidienne des gens (ça en effet, et je me souviens m’être faite la récente réflexion, en causant avec Hel’, que c’était sans doute précisément pour ça qu’il était si simple de s’opposer à ce genre de pratiques de tortures, quand on n’y est pas impliqué directement et au quotidien, alors que devant sa tranche de jambon, euh, c’est pas la même, tout de suite), ne pas se limiter à ça donc, mais appuyer fortement sur la question de l’élevage, passablement lourde en termes de souffrance, de quantités, d’exploitation humaine et animale, de pollution, de tout quoi.
Je dirais donc, le bénéfice du doute… je ne sais pas trop.
Ah et ça me gratte un peu aussi, sur le référendum qui serait réservé aux « populations locales », ça ne me convient pas, on n’a pas à pondre des lois locales ni à accepter que la loi diffère sur le territoire français.
A ce titre, il est injuste que la corrida soit interdite partout sauf dans 22 départements. Alors ce serait quoi, un référendum par départements ?
Je ne trouve pas ça normal, si on a son mot à dire en tant que citoyen français, on est concerné par l’ensemble du territoire – et on a assez de plaies à soigner ici, dans nos montagnes, avec les autoproclamés locaux (en vertu de quoi avons-nous ou pas le sésame de ne plus être estranger, j’avoue que cela reste encore fichtrement mystérieux) qui s’estiment seuls habilités à décider de ce qui est légal ou pas chez eux – en fait, chez nous tous, mais bon -, notamment pour le combat emblématique de l’ours (symbolique, donc, yep), qui envoient bouler, pour rester polie, toute opinion différente ou divergente et traitent la terre entière de ‘connards de bobos écolos parisiens de salon européens’ (rayez les mentions inutiles), qui ne comprendraient rien à la vie la vraie, et surtout n’auraient aucun droit de faire entendre leur voix sur la vie des montagnes.
Bref, je crains que cette mentalité ultra-fermée, ultra-centrée sur son petit nombril au point de se méfier de la vallée voisine voire du hameau voisin (vécu), connue au point d’avoir gagné le titre de ‘mountagnol’ pour décrire ce mode de fonctionnement, ne soit titillée par des histoires de référendums locaux. Je ne suis pas pour la centralisation jacobine à tout prix, je suis pour l’indépendance, l’autonomie, le droit à la souveraineté des peuples, tout ce qu’on voudra, mais à un moment il faut être honnête : si on est inclus dans une organisation humaine plus vaste, et que cette même organisation vous fait vivre, les devoirs vont avec les droits, et donc, si on bénéficie du soutien de l’Etat et de l’Europe, on doit tous avoir les mêmes lois, nan. Je pense là à l’histoire des subventions pour l’élevage (j’en reviens aux Pyrénées mais car cette situation me semble parlante), lue hier sur La Buvette des Alpages, qui précise que 1-l’élevage ne survit désormais que grâce aux subventions, et non grâce à la production, qui périclite (et que l’ours a bon dos là-dedans, et sert essentiellement à tenter de récupérer quelques centaines d’euros pour chaque brebis clamsée, quand il n’est responsable que de 0,3% des pertes) et que, le plus ébouriffant, 2-les 3/4 des subventions en question viennent de l’Etat ou de l’Europe, et le 1/4 restant des municipalités et institutions locales (département et région, je suppose).
Donc là, en lisant ça puis en écoutant le témoignage (niveau micro-trottoir) de ‘gens du cru’ qu’ils sont allés piocher, exotiquement, au fin fond du Biros, à Sentein, dans la petite itw de France Inter relayée par la même Buvette, les bras m’en tombent un peu… tout ça pour dire que c’est fastoche de cracher sur tout ce qui n’est pas ultra-local, quand on prend les sous quand même. Et les sous de l’Etat et de l’Europe, s’il fallait le préciser, c’est quand même de l’argent public ; donc on a tous notre mot à dire.
Un peu confus comme argumentaire, mais je voulais souligner pourquoi je pense qu’un référendum ne doit pas être local. De façon éthique, mais donc, également et très matériellement, de façon économique, chaque citoyen participe à ces questions animales, donc doit pouvoir donner son avis. Pas juste les aficionados de la chasse ou de la corrida dans les départements où c’est autorisé…
(Je précise que je n’ai pas lu tous les commentaires de l’article, seulement ceux sélectionnés, il doit sans doute y avoir quelques laïus similaires au mien dedans. Je les lirai un coup si ce n’est pas trop déprimant, comme seule peut l’être la lecture d’édifiants commentaires sur les gros articles ou web…)
(5 secondes plus tard)
Bon, si, c’est déprimant. J’en reste à notre petite buvette à nous ;)
Ce truc des « questions symboliques », qui revient dans ses deux réponses, apparemment la formule lui plaît, me laisse aussi perplexe, j’avoue. On comprend vaguement, mais j’espère vraiment qu’elle ne l’entend pas avec une quelconque nuance d' »anecdotique », de « pas prioritaire ». Evidemment, chaque fois que dans la défense des droits des animaux, on se focalise sur le traitement fait à une espèce en particulier, sur la grande toile de fond de tout le système spéciste, il y a un côté symbolique, ça n’ôte pas de valeur au combat, au contraire, amha. Je repense là à la campagne de L214 contre les élevages de poules en batterie : combien de gens dans la rue, quand on essaye de les aborder pour une signature, lèvent les yeux au ciel ou se foutent ouvertement de notre gueule, l’air de dire « tout ça pour une *poule* ! » Comme la campagne Air Souffrance, très symbolique elle aussi, quelque part – et pourtant, comment ne pas faire le lien avec la réflexion de fond sur l’expérimentation animale ?
Je ne suis pas aussi bien documentée que toi sur la candidate, Fa’, mais à la lire là, j’ai l’impression de la voir louvoyer sur un terrain qu’elle pressent sensible mais qu’elle ne maîtrise pas à fond… En tout cas, c’est déjà appréciable qu’elle ait mis le sujet sur la table…
Oui même impression, le sujet qu’elle maîtrise, de ce que j’en ai compris, c’est clairement la corruption des politiciens et le système militaro-industriel, le soutien aux dictateurs africains, etc, bref tout un pan très important de la mondialisation, un truc assez causal rapport à la situation du monde comment il tourne (de traviole), mais sur les questions plus pointues, disons, des écologistes et d’autres, ça patauge un peu. Et donc, là oui ça patauge, perso je la sens plutôt ouverte et pas monolithique, mais bon, ça manque de fermeté dans l’assise.
Je viens de voir une réaction de Cécile Duflot (d’EELV aussi, donc) sur la corrida, en fait je réalise qu’ils ont quand même réfléchi à la mollesse de leur position officielle, ils veulent ne se mettre personne à dos, ménager tout le monde, etc, et refuser ce qu’ils appellent radicalité (voire violence !! on croit un peu rêver dans le renversement des épithètes, là) pour ne pas figer le débat, moui. Mauvaise tactique je pense…
+1 intégral sur le caractère symbolique de tout versant du combat, autant pour les poules que pour les primates convoyés par Air France et tout ! Bon, c’est dommage, ils se fourvoient je pense, sur toute la ligne, là. Mais j’ai tout de même une lueur d’espoir, de constater que la cause animale n’a jamais autant fait parler d’elle lors des élections précédentes, là ça en cause un peu, les asso vont titiller les candidats pour les faire réagir, ça dit sans doute des énormités dans tous les coins mais au moins le sujet est lancé (un peu même feeling que pour le dvp du végétarisme dans la population, tu vois, avec infiniment de conneries entendues et supportées chaque jour, mais un thème qui n’est plus du tout confidentiel), qu’on peut en parler au-delà des cercles militants initiés, quoi.
Et que si ça pouvait appuyer un peu sur la balance en sens inverse de la grosse poussée électroraliste imprimée en direction des chasseurs (encore une loi qui vient de passer, font chier quand même), ce que ce serait bien… comme on pouvait s’en douter, le petit coming out sondagier du moment – bon t’inquiète pas, je n’ai pas confiance dans les sondages, mais j’ai croisé la note – c’est qu’ils sont plein à voter FN, sans déc…