Revue de presse express, vers cet article de (again) Global Voices, sur les tribus indiennes du Brésil, état de Bahia, qui sont mises à mal par, devinez quoi, la spoliation des terres et le joyeux capitalisme mondial. Par ici, et pardon pour la brièveté :
BRESIL : L’ARRESTATION D’UN LEADER DES INDIENS TUPINAMBA
AGGRAVE LES TENSIONS DANS L’ETAT DE BAHIA
Il faudrait aussi parler -de tant de choses…-
* en miroir sombre et gluant de la catastrophe pétrolière, de la ‘marée noire annuelle’ due à l’extraction des sables bitumineux canadiens (un genre de pétrole over-crado), sur le Monde Diplo ;
* des pétitions d’Amnesty, encore et encore –je vous laisse aller voir, si jamais ;
* de la petite claque au miel et aux pesticides reçue avec le visionnage du Titanic apicole – la terreur pesticide, docu glaçant parmi les docus glaçants –et qui ne laisse absolument aucune excuse pour continuer à ingurgiter cette bouffe empoisonnée et toxique pour les abeilles, aussi ;
* et de la représentative histoire du Vilain petit écolo sur le blog de XXI, ex-parisien reconverti à la-vie-la-vraie qui se fait em…pêcher de bâtir sa ferme bio toute belle.
Baume au miel et au cœur (qui ne résout rien mais qui ouvre toujours quelques portes), de nouveaux livres s’invitent au Nid des Bois, dans le prochain billet qui arrive.
On criminalise les Indiens, on marginalise les écolos, on ridiculise les craintes des chercheurs qui étudient les effets néfastes des OGM – et on soutient les pollueurs et les empoisonneurs, on protège l’industrie pétrolière, on absout Monsanto (pire, on lui file tous les moyens d’établir son criminel monopole)
Ce monde est malade…
Y a encore du chemin avant que certains comprennent qu’économie et écologie sont indispensablemet indissociables (bon ok, on y travaille, à le leur faire comprendre, mais vu l’urgence… comme lu je ne sais plus où à propos des leçons à tirer de la marée noire, la planète a certes montré par le passé qu’elle était résiliente mais faudrait tout de même arrêter de déconner, et vite.)
Pas encore vu ce docu sur les abeilles, mais tout ce que j’ai pu lire sur le sujet m’a pareillement glacée. Un des phénomènes les plus terrifiants, je trouve, dans sa (relative) discrétion.
Tranche de vie : fin de l’automne dernier, je trouve une abeille complétement inerte sur ma fenêtre. Aucune idée de comment elle était arrivée là O_o – bon sang, on était en novembre, en pleine ville et tout ! J’avais *jamais* vu ça. Bon, elle a fini par repartir (vers quoi ? dur de pas être pessimiste, là…) après quelques p’tits jours dans un abri improvisé et une cure à base de sucre et chocolat en poudre (bio ^^, on a fait avec les moyens du bord, faute de connaissances et d’expérience), mais c’est le genre de « » »détails » » » qui font sacrément réfléchir sur le bordel mis dans les écosystèmes :S
Brrrr.
(Pardon pour le délai, me revoilà après mon astreinte)
Oui et re oui et encore oui.
Ce monde est malade, et nous-mêmes (« nous » très général, quoi), à nous aveugler et refuser de toutes nos forces de voir ça, de capter la connexion, le’indissociable’, oui, nous-mêmes sommes aussi malades.
Le sentiment d’urgence est un truc terrible, yep.
Terrible.
Qui peut même devenir paralysant, décourageant, et en pousser certains sur les voies du fatalisme (d’où certains encore, mais pas tous, parmi les fatalistes, pourront d’ailleurs continuer à se gaver de merdes empoisonnées sur le dos des esclaves mondiaux).
Une (très) proche, que j’aime infiniment, tout en étant à la fois sensible à quelques arguments mais pas vraiment dans leurs applications, me rétorquait un jour :
« mais tu utilises la culpabilité, c’est malhonnête de nous faire culpabiliser, c’est un sentiment négatif »…
J’en suis restée sans voix -quelques secondes :D.
Mais la question qu’elle a soulevée est, j’y ai réfléchi du coup, fondamentale dans l’argumentaire d’alarme/alerte/appel/grand cri dans la nuit :
Car il ne s’agit pas tant de culpabilité que de responsabilité. Notions qui ne sont pas si éloignées, de toute façon, qui renvoient dans les deux cas à l’implication de chacun. Mais la responsabilité est moins mal connotée, disons, et peut-être plus constructive -peut-être.
(Je pense, moi, au fond, que nous sommes bien ET coupables ET responsables, mais c’est plus facile et plus valorisant pour l’interlocuteur de stimuler la fibre responsable… Mais *putain* que c’est dur !!!)
Et sur les abeilles… Ouaip, la scène que tu décris correspond complètement au contenu du docu, on y voit des abeilles se traîner lamentablement sous le nez de l’apiculteur qui tente de trouver une explication, mais en fait qui n’a jamais vu ça ; la cause pointée par tous est le caractère hautement neurotoxique des pesticides, autre nom de ces produits qui sont de toute façon de insecticides -nous n’avons encore vu que le premier des 3 DVD, mais on peut dire que ça pose clairement les choses… Et que ce signe-là, le ‘syndrome d’effondrement des abeilles’, à savoir la disparition spontanée, inexplicable, de ruches entières, faisant régulièrement canner la moitié, la *moitié* des ruches annuelles d’innombrables apiculteurs, devrait être considéré comme le plus alarmant de tous. Le plus aberrant. Intégralement d’accord avec toi, c’est un des phénomènes les plus terrifiants, oui.
Et ce n’est pas, donc, méconnaître le sort des Indiens Tupinambà que d’insister sur la catastrophe des abeilles, au contraire, parce que, n’est-ce pas, on le sait mais on va encore le dire, tout cela est indéfectiblement lié, noué, cause et conséquence. Les deux bouts de la chaîne, et au milieu, l’industrie capitaliste, néolibérale, esclavagiste et addictive, de la bouffe toxique, des sucre, soja, viande, trilogie mortelle du sucreselgras déversés à flots sur les populations à mater du cerveau et de la vie. Et l’excuse de la violence, ce mépris du monde entier qui ‘autorise’ les uns à persécuter leurs frères humains, pour la terre et le pouvoir, et les autres à tout saloper par leur agrochimie au point de tuer l’espèce peut-être la plus élaborée qui soit, et les suivantes suivront…
(j’aurais pu faire une phrase plus courte, mais globalement, on se comprend)
Bon. Les abeilles, donc.
Je crois que même si on n’a pas les moyens de se nourrir de bio pour tout (ce qui est ça aussi profondément injuste et absurde d’ailleurs), s’il y a une chose à faire c’est de ne prendre que du miel bio, donc de soutenir les apiculteurs bio, aussi en difficulté que les autres -la profession semble dépérir à vue d’oeil- mais qui eux au moins font du miel clean, pas trafiqué, pas allongé, et pour tout dire délicieux. ^^
C’est dans cet esprit qu’ici au nid des bois, si nous avons arrêté de manger les animaux et sous-produits animaux (laits et oeufs), nous consommons miel, propolis (et pollen frais pour moi), en quantités, heu, appréciables ^^, parce qu’en plus d’être excellent au goût et pour la santé, il y a cette nécessité vitale de soutenir ce point central, nodal, de la chaîne.
100% ok sur le « tout est lié » (et sur le reste aussi, d’ailleurs ^^), et sur le système esclavagiste à l’oeuvre derrière tout ça, dans les exploitations agri/apicoles d’ici comme sur les terrains brésiliens. Parce qu’au finale, ce qui se dessine là, l’enjeu, c’est le contrôle de la terre. Partout. L’appétit des grandes firmes, qui se protègent des catastrophes à venir tout en les préparant largement, en mettant la main sur tout ce qu’elles peuvent de terres : en les achetant, en spoliant les populations locales, ou en tenant les cultivateurs à la merci de ses cycles infernaux OGM/pesticides. Au fur et à mesure que les ressources s’épuiseront et qu’on verra diminuer les surfaces cultivables/habitables, le rapport de forces ne fera qu’empirer, au détriment de populations captives et, yes, esclaves.
Donc, ben pour moi c’est très clair, yep, que lorsque tu poses un regard responsable sur ce qui va atterrir ou pas dans ton assiette, tu ne perds pas de vue les Indiens du Brésil, ou les petits producteurs de soja en Amérique latine, etc. Vision globale, ô combien nécessaire.
Et ouaip, pas évident de trouver le bon angle d’approche pour faire prendre conscience de certaines évidences sans que l’autre se sente jugé ou cause, et aille se planquer dans ses retranchements. Surtout qu’il y en aura toujours, même hors dialogue engagé, qui vont se sentir agressés rien que par le mode de vie, dans la mesure ces choix de vie au quotidien sont clairement un geste militant… Quand tu tries et que l’autre à côté jette en vrac, y a déjà de la culpabilité dans l’air, souvent refoulée ou recyclée (arf) en agressivité (cf l’hostilité du maire dans l’histoire du vilain petit écolo, qui n’est sans doute pourtant pas allé lui faire des leçons de morale sur son élevage de cochons)
Je crois aussi qu’on est collectivement coupables, et individuellement responsables. Mais au-delà de l’image valorisante qu’il y a à assumer ses responsabilités, y a aussi ce truc, là, la loi inverse du « with great power comes great responsibility » : c’est qu’en assumant ses responsabilités autant qu’on peut, on embrasse en même temps la conscience du pouvoir dont on dispose. Un bon garde-fou contre la tentation du fatalisme ^^
Bon, et sur la difficulté de faire concorder équilibre budgétaire et équilibre de l’assiette, oh my, chuis bien placée pour le savoir. Mais bon, on fait ses choix, et ça reste faisable :-)
(même si je passe mon tour pour ce qui est du miel, j’ai jamais pu en manger, depuis toute gosse ^^’)
Allez zou, histoire de respirer, une bonne bouffée de chlorophylle en zone urbaine, un truc que j’avais découvert via un CI spéciale alternatives aux modèles asphyxiants et que je trouve génial : l’initiative d’une ‘glaneuse urbaine’ de Chicago qui a appris, et apprend aux autres, à vivre du vert en pleine zone bétonnée
-> http://spontaneousvegetation.net/
Hey, thx pour ce lien qui a l’air tout bien :)
là je suis un peu gazée mais je le garde au chaud ^^
…Et total oui pour le sentiment d’agression, qui peut même parfois être réciproque… Le ‘lambda’, appelons-le ainsi avant de lui coller le méchant tampon reg ^^, le lambda donc commence par capter que je ne mange pas comme lui (prenons cet exemple synthétique, caricatural mais ô combien parlant), commence à ironiser ou, bien plus souvent, à creuser pour voir jusqu’où va ma folie déviante (« pas de lait non plus ? Pas de fromage ??? Mais, pas les oeufs quand même, hein !! Hein ?? Bon et le poisson ? » etc), et termine illico par son avis, que je ne lui ai pas demandé, comme quoi je suis intégriste, et enchaîne direct sur la description enjouée de plats tous plus sanguinolents les uns que les autres. ==> ça c’est vraiment la réaction la plus fréquente ; à croire qu’ils se sentent tenus, obligés, après m’avoir agressé à moi avec leurs intégrismes mal placés, de rajouter une couche de violence et de sadisme. Tout ça parce qu’ils n’assument pas leur propre conditionnement, et d’y être si soumis, et parce qu’ils refusent de se demander, ne serait-ce qu’un instant fugace, ce que ça me fait à moi, et à quel point cela m’agresse, d’essayer d’être non violente dans un monde violent.
Bref ^^ … Le sentiment de se sentir agressé, donc, est au moins un truc partagé ! Mais c’est vrai que c’est tout de même un comble, dans ces situations-là que je découvre encore, que ce soit la personne la moins sensibilisée et la plus ‘pollueuse de l’assiette’, en gros, qui se mette dans cette position d’agressée. Délicat, d’autant que tout nous pousse en occident à jouer les victimes, et à ne jouer que ça… Bon, il reste de vastes pistes de réflexion… ^^
Bon je me suis éloignée du sujet, un peu, mais c’est vrai que j’ai cru devoir préciser ce rapport bouffe responsable / esclaves modernes, parce que je renifle une sale tendance assez pourrie consistant à (en plus de se sentir agressé et de traiter les autres, les ‘différents’, d’intégristes) caler cette attitude, et la personne derrière, dans une case ‘bobo élitiste superficiel’ qui me hérisse grandement le poil…
Et j’aime bien la balance responsabilité individuelle / culpabilité collective que tu fais, je trouve que ça fonctionne bien ! C’est bien les garde-fous :)
J’achève là parce que ma connexion fait son élitiste, elle, ça rame grave :D Spontaneous Kisses ! *
Argh, j’ai déjà vu des réactions de ce genre en présence de VG, et effectivement, on fait pas plus lourd et laid, méchamment con quoi, comme réponse. Beuh. Quant au coup du cliché ‘bobo’ qui procède de la même connerie puante… les étiquettes, c’est le Mal :S Fut un temps, les mêmes, hem, individus lambda auraient parlé de hippies décérébrés ou shootés aux théories new age – ce qui est bien pratique pour éviter d’avoir à réfléchir soi-même sur ce que l’autre en face pose avec ses ‘différences’ et ses choix, et d’éventuellement se hausser au-delà de sa propre superficialité. Bref… suffit de regarder un p’tit chouia plus loin que son double menton pour se rendre compte que superficiel et responsable, nope, ça rentre pas dans la même équation.
Je partage complétement ton hérissement de poils (et relance d’une triple malédiction à l’adresse de toutes les soit-disant marques bio qui alimentent bien ce cliché en filant un coup de tampon écolo à ce qui ne l’est pas du tout, responsable, à coups de rayons où on ne trouve que des salades emballées en machins individuels de 100g – … et encore – qui coûtent la peau des fesses, accompagnées de la boisson énergétique en bouteille design de 25cl, et des trois morceaux de fruits importés de l’autre bout de la planète et qui se battent en duel dans un sachet fraîcheur. *feule*)
Bon, et petit HS pour finir : mère Nature ne chôme décidément pas le dimanche (contrairement à l’autre imposteur là-haut), et donc, j’ai eu le plaisir de trouver à l’instant dans un pot de terreau une petite touche de vert translucide – semblerait qu’une certaine cervelle d’alien (la première, j’espère que d’autres vont suivre le chemin) ait réussi sa green mutation :-)))
(So, comme je disais à l’instant là-bas, sorry du délai de réponse, j’ai encore été d’astreinte la nuit dernière et je suis fort décalée dans mes mails & réponses !)
…Ouaip, tu as raison, c’est vrai que les clichés se suivent et se ressemblent ! Ici au fin fond de l’Ariège c’est assez flagrant d’ailleurs, vu qu’il reste pas mal de baba cools ‘old school’, qui ne sont jamais repartis, mais qui ne sont toujours pas mixés avec les gens du coin, et au milieu de tout ça les néoruraux ainsi que les nouveaux pauvres expatriés de la ville, tout ce petit monde parfois semble vivre juxtaposé mais pas vraiment ensemble… (maybe une vue de l’esprit, mais au final, cet aspect-là de la socialisation n’est pas si différent d’en ville).
Même réaction pour les ‘faux bio’ à la noix, qui non seulement procèdent du foutage de gueule intensif, mais en plus décrédibilisent complet, par leur vêture mensongère et leur omniprésence marketing, toute la démarche des autres… Même réaction, oui, exactement.
Et, oui je viens de voir une photo germée ! ^^ Tant mieux, ça fait bien plaisir de voir ça :))